4 décembre 2024

Une cotisation n’est pas une charge !

Édito de Cyril Chabanier du 3 décembre 2024

 

 

 

 


Donner un budget au pays et à la sécurité sociale n’a plus rien aujourd’hui de la quasi formalité à laquelle on s’était tous un peu trop vite habitués. Au sortir de joutes parlementaires qui ont confirmé l’allergie de nombre de nos élus au compromis, bien malin serait celui ou celle capable de nous restituer une vision d’ensemble, sans même parler de l’intérêt général. Qu’il s’agisse de la réforme des allègements généraux de cotisations ou encore de la moindre revalorisation des pensions, les propositions contradictoires ont fusé dans tous les sens. Elles ont aussi trahi une confusion des genres que je veux ici dénoncer.

Le vrai salaire – celui qui comprend les cotisations qui assurent le travailleur face à un risque toujours possible de maladie ou de chômage – c’est le salaire brut !

Au motif qu’elles pèsent sur le coût du travail, les employeurs sont nombreux à militer pour la diminution, voire la suppression, de toute ou partie des cotisations sociales. C’est oublier que le vrai salaire, au sens de la contrepartie au travail accompli et à la valeur créée, c’est le salaire brut ! Celui qui comprend les cotisations qui assurent le travailleur face à un risque toujours possible de maladie ou de chômage. Celui qui finance la protection du travailleur quand le risque devient réalité. A la CFTC, nous considérons les cotisations sociales comme du « salaire différé ».

Je n’ignore pas que certains salariés sont eux aussi sensibles à cette petite musique d’une diminution des cotisations. A défaut d’être augmentés, ils se résigneraient à cette solution d’apparence « technique ». A ceux-là, je rappelle quelques tristes vérités : premièrement, la hausse de salaire net en bas à droite de la fiche de paye n’est jamais garantie, les actionnaires n’étant pas les plus mal servis quand il s’agit de répartir les marges bénéficiaires induites.

Les cotisations sociales sont une composante à part entière et non négociable du juste salaire

En second lieu, c’est notre protection sociale qui est détériorée. Selon une étude récente, 22% des Américains déclarent avoir renoncé, dans les douze derniers mois, à des consultations médicales pour raisons financières. En France, ce taux de renoncement pour les mêmes raisons est de 2%. Ce « gouffre » entre les 2 pays est le reflet des écarts de niveau de cotisations sociales, ou de ce qui en tient lieu.

Alors, clamons le haut et fort, les cotisations sociales ne font pas œuvre de charité ! Elles constituent une composante à part entière et non négociable du juste salaire et, le moment de la retraite venu, d’une juste pension. N’hésitons pas non plus à corriger nos interlocuteurs lorsqu’ils déplorent ces « charges » sous lesquelles ils prétendent crouler : « Non Madame, non Monsieur, ce ne sont pas des charges mais des CO-TI-SA-TIONS ! » 


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