20 août 2025

Retraite progressive dès 60 ans : enjeux et mode d’emploi

A partir du 1er septembre 2025, conformément à un texte d’accord signé par la CFTC et les partenaires sociaux, la retraite progressive pourra être mobilisée dès 60 ans, contre 62 ans auparavant. Elle permet aux salariés séniors de percevoir une partie de leur retraite tout en continuant à exercer leur activité professionnelle à temps partiel. S’il constitue un acquis social, certaines conditions encadrent cependant la mise en œuvre de ce dispositif. Nombre de trimestres à valider, maintien du taux de cotisations, obligations de l’employeur…la CFTC fait le point.

 


En novembre 2024, la CFTC et les partenaires sociaux avaient paraphé un accord national interprofessionnel sur l’assurance chômage et l’emploi des séniors. Parmi les mesures introduites par ce texte figurait une réforme de la retraite progressive. Pour rappel, celle-ci permet aux salariés séniors de percevoir une partie de leur retraite, tout en continuant à exercer leur activité professionnelle à temps partiel.

Une retraite progressive accessible dès 60 ans

Jusqu’à présent, ce dispositif était mobilisable 18 mois avant le départ en retraite, sous réserve d’avoir validé 150 trimestres de cotisation. Néanmoins, du fait du recul progressif de l’âge légal de départ en retraite à 64 ans, la retraite progressive ne pouvait plus être sollicitée que tardivement, à partir de 62 ans. Pour y remédier, le texte d’accord prévoit donc qu’elle soit désormais mobilisable dès 60 ans (dans le privé comme dans le public), toujours sous réserve d’avoir validé 150 trimestres de cotisation. A partir du 1er septembre 2025, un salarié aura donc désormais l’opportunité de réduire son temps de travail dès 60 ans, pour partir ensuite à la retraite à 64 ans (et donc, de bénéficier pendant 4 ans de la retraite progressive, contre seulement 2 auparavant). Pour ce faire, il devra cependant avoir impérativement l’accord de son employeur. Ce faisant, le salarié peut ensuite exercer une activité à temps partiel représentant entre 40 % et 80 % d’un temps plein.

Faciliter et massifier la transition emploi-retraite

Pour la CFTC, la retraite progressive peut constituer un outil solide de fidélisation et de valorisation des salariés séniors : elle facilite notamment la transmission de compétences au sein de l’entreprise (par exemple, via le tutorat) et assure un meilleur maintien en emploi des travailleurs les plus expérimentés. Ce dispositif permet aussi à certains salariés de continuer de cotiser en fin carrière pour toucher leur retraite à taux plein, tout en réduisant leur exposition à certaines formes d’usure professionnelle (en travaillant moins qu’auparavant). Certains salariés déjà en mesure de percevoir leur retraite à taux plein peuvent aussi choisir de recourir à la retraite progressive, afin de continuer d’occuper un emploi à mi-temps, pendant quelques années : à terme, cela peut en effet leur permettre de générer une surcote et donc d’augmenter le montant de leur retraite.

Flexible et polyvalente, la retraite progressive peut cependant engendrer certaines disparités : ce dispositif reste notamment plus aisément mobilisable pour certaines catégories de salariés que pour d’autres. Bien souvent, la fraction de pension qui est versée dans le cas d’une retraite progressive ne couvre en effet pas entièrement la baisse de revenus causée par le passage à un travail à temps partiel. Les salariés séniors susceptibles de toucher une retraite modeste – qui peuvent donc moins se permettre de perte de revenus – peuvent être ainsi moins incités à recourir à ce dispositif.

Veiller à préserver le maintien du niveau des pensions

Enfin, soulignons que même s’il accepte qu’un de ses salariés passe à temps partiel via la retraite progressive, l’employeur n’est pas légalement tenu de lui verser des cotisations retraite sur la base d’un temps plein. Le cas échéant, les salariés séniors peuvent donc voir leur pension de retraite amputée d’une partie du montant qu’ils auraient pu toucher, s’ils avaient continué de travailler à temps plein. Il incombe donc aux syndicats de négocier préalablement un accord avec l’employeur, afin d’assurer le maintien des cotisations retraite sur la base d’un temps plein, pour les salariés séniors qui passent à temps partiel. Il est néanmoins parfois possible que ces négociations n’aboutissent pas. Dans ce cas de figure, les représentants syndicaux doivent veiller à ce que tout salarié sénior qui souhaite recourir au dispositif de retraite progressive soit informé des conséquences de ce passage à temps partiel, sur le montant de sa future pension.

En dépit de ces imperfections, ouvrir dès 60 ans l’accès à la retraite progressive constitue, pour la CFTC, un acquis social notable. Pour étendre le dispositif, le dialogue social doit cependant continuer d’encadrer sa mise en œuvre, afin qu’elle puisse permettre d’augmenter le taux d’emploi des salariés séniors, tout en préservant le maintien de leur niveau de pension.


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