Édito de Cyril Chabanier : Quel budget pour quelle croissance ?
Les discussions en cours font la part belle aux économies et/ou aux recettes fiscales chiffrées à environ 15 milliards. Si le budget est politique, il ne concerne pas que les seuls responsables politiques, il nous concerne tous, à commencer par nous, syndicalistes ! Il en va de l’avenir de l’emploi, des salaires ou encore de notre protection sociale.
Concernée, la CFTC ne prend à la légère ni les questions d’équilibre budgétaire, ni l’état de notre dette nationale. L’ampleur de cette dernière commande d’agir en responsabilité pour ne pas menacer l’avenir de nos enfants, de leurs emplois et de leurs droits à la protection sociale. Néanmoins, cette approche responsable ne doit pas non plus conduire à une austérité injuste socialement, et contreproductive économiquement. Pour combler son retard sur la croissance américaine ou encore chinoise, la France comme l’Europe doivent investir dans tous les déterminants de la croissance : innovation, formation, salaires, montée en gamme…
L’heure n’est donc pas à couper aveuglément dans la dépense. Elle n’est pas davantage à l’augmentation tout aussi aveugle d’impôts et taxes, qui freineront l’investissement en entreprise et la consommation de nos concitoyens. Sur cette ligne de crête, la CFTC privilégie ainsi une politique qui, tout en limitant les dérapages budgétaires, ne freine pas la croissance. Côté recettes, les plus « nantis » doivent être mis à contribution ! Les entreprises, via la taxation des super profits, mais aussi les particuliers – notamment les 0,1 % des Français les plus riches – dont l’héritage moyen est beaucoup moins taxé que s’il était soumis aux règles du droit commun.
Côté dépenses, plutôt que l’habituelle alternative entre « dépenser plus » ou « dépenser moins », la CFTC invite le gouvernement et les parlementaires à « dépenser mieux ». En matière d’investissements et de recherche, le crédit impôt recherche (CIR), l’une des dépenses fiscales les plus couteuses, doit être refondé. Trop souvent détourné par les grandes entreprises à des fins d’optimisation fiscale, il doit cibler l’innovation tout en étant conditionné à ses résultats ! Même logique pour l’apprentissage, devenu le dispositif d’aide à l’emploi le plus coûteux de l’histoire. Si son développement doit se poursuivre, la question des niveaux de qualification et de la taille des entreprises doit être posée. Là encore, un meilleur ciblage s’impose ! Quant aux allègements de cotisations sociales qui emprisonnent aujourd’hui les travailleurs dans le voisinage du SMIC, ils doivent demain inciter à la hausse des salaires !
Cyril Chabanier
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